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La France n'est pas a l'abri des problemes d'eau


Pres de 20% du territoire, notamment l'ouest et le sud-ouest du pays, connait des deficits structurels. Et, depuis une quinzaine d'annees, une vingtaine de departements subissent quasi systematiquement des restrictions de consommation.
La mise en garde est tombee hier dans un rapport publie par l'Agence europeenne pour l'environnement: «les ressources en eau sont soumises a de nombreuses pressions dans beaucoup de regions d'Europe et la situation empire». Longtemps consideree comme une question reglee, l'eau revient dans les priorites des gouvernements. Depuis quelques annees desormais des pays du sud de l'Europe, l'Espagne notamment, connaissent de graves problemes de secheresse. Plus etonnant, l'Angleterre a recemment tire la sonnette d'alarme. Et en France? On considere que «20% du territoire connait des deficits structurels», rappelle-t-on au ministere de l'Ecologie et le premier ministre qui s'est exprime a l'ouverture du 6e forum de l'eau a Marseille a rappele l'objectif de reduction de 20 % de l'eau prelevee en France d'ici a 2020.
Une moitie pour l'agriculture
Les manques se font principalement sentir dans le Sud-Ouest et l'Ouest du pays et dans une moindre mesure, le Sud-Est. Depuis une quinzaine d'annees, une vingtaine de departements connaissent quasi systematiquement des restrictions de consommation. Un chiffre qui double voire triple les annees de grande secheresse comme en 2003 et 2005 ou 60 departements etaient dans le rouge. «Meme les annees humides, on trouve encore des departements avec des problemes d'eau.»
Auparavant la regle etait qu'un departement pouvait se permettre une annee deficitaire des lors que la situation avait ete normale au cours des quatre ou cinq annees precedentes. Mais aujourd'hui il n'est pas rare que cela soit le contraire. Pour ces departements soumis a ce qu'il est courant d'appeler le stress hydrique, l'objectif est de retablir l'equilibre en reduisant leur consommation, au-dela de ce qui est demande au niveau national. Si l'industrie utilise beaucoup d'eau, notamment pour des circuits de refroidissement, elle la rejette tres vite dans le milieu naturel. A l'inverse l'agriculture consomme presque toute l'eau qu'elle preleve. Elle represente pres de 50% de la consommation totale, contre 30% pour l'eau potable et 20% pour l'industrie.
Depuis 2008, des accords locaux sont passes dans la zone de l'agence de l'eau Adour-Garonne et dans le marais poitevin pour negocier la baisse des prelevements, notamment avec les agriculteurs. «Il y a des endroits ou il faut diminuer les prelevements de 30% a 40%», rappelle encore le ministere. L'irrigation qui a connu une croissance exponentielle jusqu'au debut des annees 2000 est desormais stabilisee. «II y a encore des marges de progres possibles», rappelait Daniel Martin, le president des irrigants de France lors d'un colloque consacre a l'agriculture et a la secheresse. «L'informatique permet d'ameliorer la gestion de l'eau, il y a des pistes de travail pour ameliorer la genetique des plantes et notamment du mais resistant a la secheresse, on regarde egalement du cote du goutte a goutte meme si c'est complique et tres cher pour certaines cultures telles que le ble, le mais ou le soja», expliquait-il. Toute une reflexion est egalement menee sur le developpement de retenues collinaires qui doivent permettre de prelever de l'eau en hiver afin de l'utiliser en ete lorsque les tensions sont les plus fortes. «Mais malgre cela il faut faire evoluer les strategies», affirme un expert mais c'est tres lent.
Bien sur, la situation dans nos pays n'est en rien comparable avec ce qui peut se passer ailleurs dans le monde, en Afrique notamment. Mais les previsions climatiques ne sont guere encourageantes. «Nous projetons une hausse des temperatures, une hausse de l'evaporation et une baisse des precipitations estivales», souligne Philippe Dardin, le directeur du climat a Meteo-France ou un travail de collecte des donnees de pluviometrie a ete effectue sur un siecle: «On a constate une hausse des precipitations d'environ 10%, mais cette hausse arrive en hiver, en ete cela diminue.»
25 % de fuite dans les canalisations
On ne s'en vante pas. Mais la France n'affiche pas toujours un reseau de distribution d'eau potable tres performant. En moyenne, les pertes sont de 25%. Une moyenne qui cache de grandes disparites. En certains endroits, ces fuites peuvent en effet atteindre 40%. Les cyniques diront que cela n'est pas tres grave dans la mesure ou l'eau qui s'echappe des canalisations retourne dans le sous-sol alimenter les nappes phreatiques.
«Mais c'est genant pour au moins deux raisons», souligne un specialiste du ministere de l'Ecologie. «D'un point de vue economique puisqu'il s'agit d'eau propre ayant subi un traitement plus ou moins couteux, et d'un point de vue environnemental alors que chaque annee desormais de nombreux departements sont soumis a des restrictions de consommation.»
856.000 kilometres de tuyaux
Il y a un peu plus d'un mois, le ministere de l'Ecologie publiait un decret visant a etablir «un descriptif detaille des reseaux d'eau et d'assainissement et d'un plan d'actions pour la reduction des pertes d'eau dans les reseaux de distribution». Avec une date butoir pour le 31 decembre 2013. En France, la desserte des populations en eau potable a commence a la toute fin du XIXe siecle et s'est achevee il n'y a pas si longtemps. Au total, ce sont 856.000 kilometres de canalisations qui sillonnent la France avec pour l'essentiel des fuites liees a une mauvaise etancheite.
Pres de six milliards de metres cubes d'eau sont preleves chaque annee par les collectivites. «Les rendements ruraux sont les plus faibles», souligne Gilles Boulanger, directeur technique chez Lyonnaise des eaux, du simple fait des kilometres parcourus pour transporter le precieux liquide. Aujourd'hui, il existe differentes solutions qui permettent de progresser. Cela va des releves systematiques qui signalent rapidement la moindre anomalie a des capteurs de pression ou encore des appareils acoustiques places sur les canalisations qui identifient d'eventuelles fuites. Utilises dans l'agglomeration de Dijon en 2006, ces micros places sur les tuyaux ont permis de gagner 3 a 4 % de rendement.»
Dans certaines grandes agglomerations, les performances sont excellentes. La ville de Paris est a ce titre exemplaire avec un rendement qui avoisine les 97%. Mais un tel rendement est inenvisageable au niveau national: le cout serait alors prohibitif par rapport au benefice. L'objectif propose par le ministere de l'Ecologie et de ramener les fuites moyennes de 25% a 15%. Cela representerait deja une economie de quelque 600 millions de metres cubes par an.
Lire aussi : 
» Quand l'eau reclame de la diplomatie 
» L'humanite va-t-elle manquer d'eau? 
» Les aleas du climat fauteurs de guerres 
» Le tour du monde de la «fabrication» de l'eau potable 
<http://www.lefigaro.fr/environnement/2012/03/13/01029-20120313ARTFIG00552-la-france-n-est-pas-a-l-abri-des-problemes-d-eau.php>
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23/03/2012
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